Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Journal d'école
Publicité
Archives
8 mai 2012

Pour un après 6 mai dégagé des illusions identitaires

Que les frontières soient « le problème majeur » pour Sarkozy, on a pu s’en rendre compte dimanche soir, quand, sur le coup des 18 h 30, la magie d’internet qui abolit les frontières, suisses, belges et les autres, nous apportait la bonne nouvelle, que les médias nationaux devaient garder secrète : on n’en reprenait pas pour cinq ans de Sarkozy.

Un moment de satisfaction vite tempérée par le score élevé du président sortant, qui, au rythme où allaient les choses, avec une campagne allongée rien que d’une semaine, aurait très bien pu l’emporter. Un résultat qui laisse songeur pour un politicien dont la cote de confiance était au plus bas il n’y a pas encore très longtemps, au même niveau que son bilan réel.

Cette élection confirme deux choses : que l’électorat ne se prononce pas sur un bilan ou un projet politique mais sur une image, le plus souvent télévisée, laissée par le candidat ; mais aussi qu’en France aujourd’hui, on peut être élu à la tête de l’état sur un discours ouvertement et exclusivement raciste et xénophobe. Ce qu’attend une moitié des Français, ce n’est pas une politique efficace sur l’éducation, le chômage, la justice sociale, l’environnement, les déficits publics mais simplement qu’on expulse toujours plus d’immigrés et le rétablissement des douaniers, voire de barbelés aux frontières. Une constatation qui n’incite guère à l’optimisme : qu’importe, par exemple, ce que fera le prochain gouvernement dans le domaine éducatif, puisqu’en fin de compte, il ne sera pas jugé sur cela et l’on peut compter sur le battage organisé par des médias ou certains  groupes de pression – les syndicats de police ont déjà commencé – pour orienter l’opinion publique dans ce sens.

Au cours de cette campagne électorale, l’électeur s’est une fois de plus laissé piéger par la question identitaire qui le fait se considérer comme « Français d’abord » plutôt que comme travailleur, chômeur, contribuable, retraité, mari ou femme, pacsé ou célibataire, parent, habitant d’une ville ou d’une région, toutes formes d’appartenance à un groupe, une collectivité, censées se fondre dans une imaginaire communauté nationale. Renvoyer des sans-papiers est effectivement plus facile que créer des emplois.

Je persiste à penser  que l’obsession identitaire est entretenue - pour une bonne part, même si ce n’est pas exclusivement – par une éducation scolaire et intellectuelle qui la privilégie à travers, notamment, les programmes d’histoire : dans le récit du passé, tel  qu’on l’enseigne à l’école, l’élève ne rencontre jamais son ancêtre l’homme mais l’habitant d’une communauté nationale fictive (cf. mes posts récents du 19 et du 29 avril). Le sujet n’est pas nouveau pour l’historien mais, pour des raisons diverses, l’école ne s’y est jamais beaucoup intéressée.  A tort. Si l’on veut lever l’hypothèque Le Pen pour les prochaines échéances électorales, il est indispensable d’y travailler (à la suite, par exemple du collectif Aggiornamento qui s’est lancé, depuis plus d’un an, dans une réflexion sur les finalités de l’enseignement de l’histoire-géographie).

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité