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6 décembre 2018

Les animaux malades de la peste

« Macron démission ! Macron fout le camp ! Macron on n’en peut plus ! Macron on n’en veut plus ! Macron, on te hait ! etc ». Macron responsable a lui tout seul en 18 mois de tous les problèmes qui n’auront pas été traités pendant des décennies (environnement, logement, transports, travail), négligés par des dirigeants à courte vue … et des électeurs aussi bornés qui n’auraient pas compris qu’élire ses représentants, c’est aussi choisir une politique. Et qu’en conséquence, la situation présente résulte aussi de leur propre choix. Mais c’est tellement plus facile d’accuser les autres : la finance (nécessairement internationale mais pas française), Bruxelles, Merkel, les migrants, naturellement, et bien sûr Macron. Depuis le temps qu’ils votent, les pauvres…

Heureusement, les gilets jaunes vinrent. Certes, on ne les avait jamais vus nulle part précédemment, dans aucune lutte sociale ou politique mais les limitations de vitesse et les radars routiers leur ont ouvert les yeux. 40 millions d'automobilistes également. On a l’indignation sélective mais l’escroquerie politique a pris, avec l’aide des pires figures politiciennes du pays (qui en compte une belle brochette) auto-érigées en défenseurs du « peuple » mais également avec le support jamais démenti des médias, toutes tendances confondues qui ont trouvé là un sujet vendeur mais aussi l’occasion de se donner bonne conscience à peu de frais.

Mediapart, pour le plus grand désappointement de certains abonnés mais pour la plus grande joie de ses plus bruyants commentateurs (il faut un dessin ?) a fait le choix  de cette même ligne éditoriale : analyse réduite aux clichés habituels (la France périphérique, le peuple contre les élites etc), pas d’enquête de fond (notamment sur le rôle de l’extrême-droite), une litanie de témoignages individuels qui vont tous dans le même sens et bien sûr, détestation de l’adversaire suprême désigné chaque jour en gros titre.

On néglige juste un détail, à moins qu’on ne s’en accommode : la focalisation sur Macron aura pour effet assuré, en cas de vacance du pouvoir, d’ouvrir un boulevard à l’extrême-droite, grande organisatrice du mouvement. Car, en France, depuis déjà pas mal d’années, le « peuple » vote massivement pour la droite extrême et l’extrême-droite. C’est ça aussi le peuple. Et ce n’est pas l’irresponsabilité effarante des dirigeants, telle qu’elle se manifeste tous les jours (par exemple la pantalonnade de Ruffin devant l’Elysée ou, à Matignon, la sortie théâtrale et pitoyable de Dupont Aignan) qui pourra les en dissuader.

Le Pen au pouvoir, c’est peut-être pour bientôt. Tout heureux des premières mesures prises – baisse des taxes sur le gazole, les immigrés virés – le bon peuple rentrera tranquillement chez lui en chantant la Marseillaise.

On a toutes les raisons de ne pas « aimer » Macron (qui, soit dit au passage, n’est sans doute pas plus détestable que ses prédécesseurs pourtant tant aimés) ou de militer pour une autre politique. Toutes les raisons, également, d'être révoltés par les violences policières, à condition de ne pas oublier que cette vieille tradition française n'a jamais, à ce jour, suscité beaucoup de réprobations (et que certaines violences, gratuites, de l'autre bord, ne sont pas non plus excusables). Mais dans un contexte politique potentiellement explosif, dont le pire peut sortir, la prise du pouvoir, puisque c’est pour beaucoup l’objectif suprême, n’autorise pas tout. Parce que se dédouaner ainsi de ses propres responsabilités, ce n'est pas très civique, pas très moral, pas très adulte.

Il faudra alors assumer la suite des événements.

 

Voir aussi sur Mediapart

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